Nous avons tous et toutes entendu parler des étapes ou phases du deuil. Voici une comparaison des théories et approches développées par Elizabeth Kübler-Ross d’un côté et Dr. Christophe Fauré de l’autre.
Introduction aux pionniers du deuil
Elizabeth Kübler-Ross
Elizabeth Kübler-Ross (1926-2004) était une psychiatre et pionnière dans l’étude de la mort et du deuil. Son livre « On Death and Dying » (1969) a révolutionné notre compréhension du processus de deuil et est devenu une référence mondiale.
Dr. Christophe Fauré
Le Dr. Christophe Fauré est un psychiatre et psychothérapeute français, spécialisé dans l’accompagnement des personnes en fin de vie et en deuil. Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il a apporté une perspective nuancée et pratique à la compréhension du deuil.
Les phases du deuil selon Kübler-Ross
Kübler-Ross a identifié cinq étapes du deuil, initialement observées chez les patients en phase terminale, mais plus tard appliquées au processus de deuil en général :
- Le déni : Un refus initial de la réalité de la perte
- La colère : Une réaction émotionnelle forte face à l’injustice perçue de la perte
- Le marchandage : Une tentative de négocier pour éviter la perte ou ses conséquences
- La dépression : Une période de tristesse profonde et de retrait
- L’acceptation : Une reconnaissance finale de la réalité de la perte et un ajustement à la nouvelle normalité
Les phases du deuil de Christophe Fauré
Fauré, quant à lui, propose une vision plus fluide du deuil, identifiant quatre phases principales:
- Le choc et la sidération : Une période initiale de stupeur et d’incrédulité
- La phase de fuite et de recherche : Une période de confrontation à la réalité de la perte, caractérisée par des moments où l’illusion prend le dessus. On se convainc d’avoir accepté la perte pour pouvoir avancer pendant un temps.
- La phase de déstructuration : c’est la période où on prend conscience de l’irrémédiable, qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.
- La phase de restructuration: une période où on vit un remaniement dans notre rapport aux autres, au défunt, à soi. On met en place de nouveaux repères petit à petit dans le respect de son propre rythme.
Différences d’approche
- Linéarité vs Fluidité : Kübler-Ross présente un modèle plus linéaire, tandis que Fauré souligne la nature fluide et non séquentielle du deuil.
- Universalité vs Individualité : Kübler-Ross propose un modèle plus universel, alors que Fauré insiste sur la variabilité individuelle de l’expérience du deuil.
- Focus : Kübler-Ross se concentre davantage sur les réactions émotionnelles, tandis que Fauré met l’accent sur les changements identitaires et relationnels.
Complémentarité des approches
Malgré ces différences, les approches de Kübler-Ross et Fauré ne sont pas contradictoires, mais plutôt complémentaires :
- Reconnaissance des émotions : Les deux modèles reconnaissent l’importance des réactions émotionnelles dans le processus de deuil.
- Processus d’adaptation : Les deux approches voient le deuil comme un processus d’adaptation à une nouvelle réalité.
- Transformation personnelle : Bien que Fauré l’explicite davantage, les deux modèles impliquent une transformation personnelle à travers le processus de deuil.
Prise en compte des phases du deuil au sein de l’accompagnement
En tant que thanadoula, j’intègre ces deux approches dans mon accompagnement au deuil :
- Reconnaissance des étapes : j’utilise le modèle de Kübler-Ross pour aider les personnes endeuillées à nommer et à légitimer leurs émotions.
- Fluidité du processus : j’adopte l’approche de Fauré pour souligner que le deuil n’est pas un processus linéaire et que chaque expérience est unique.
- Accompagnement holistique : Je combine ces perspectives pour offrir un accompagnement qui prend en compte à la fois les réactions émotionnelles et les transformations identitaires et relationnelles.
- Adaptation individualisée : En reconnaissant la validité des deux approches, je peux adapter mon accompagnement aux besoins spécifiques de chaque personne endeuillée.
Conclusion
Les modèles de Kübler-Ross et de Fauré, loin d’être contradictoires, offrent des perspectives complémentaires sur le processus de deuil. En tant que thanadoula, je puise dans ces deux approches pour offrir un accompagnement riche, nuancé et adapté à chaque individu. Cette synthèse me permet de reconnaître à la fois l’universalité de certaines expériences du deuil et la nature profondément personnelle de chaque cheminement à travers la perte.
