Le dernier souffle : Une perspective scientifique
Le dernier souffle, ou respiration agonique, marque la transition finale entre la vie et la mort. D’un point de vue physiologique, ce processus implique plusieurs changements :
- Ralentissement progressif de la respiration
- Diminution de l’oxygénation des tissus
- Ralentissement du rythme cardiaque
- Baisse de la pression artérielle
- Arrêt de l’activité cérébrale
Les obstacles au lâcher-prise
Parfois, une personne en fin de vie semble « s’accrocher », malgré une détérioration physique avancée. Ce phénomène peut être attribué à plusieurs facteurs :
- Préoccupations non résolues : lorsque la personne en fin de vie s’inquiète à cause d’affaires inachevées, de conflits non résolus notamment au sein de la famille, de questions d’héritage ou de dettes…
- Peur de l’inconnu : Anxiété face à la mort et à ce qui pourrait suivre. Cette anxiété peut amener la personne en fin de vie à se reconnecter à la religion ou la spiritualité, à la quête de réponses pour atténuer cette peur de l’inconnu.
- Inquiétude pour les proches : Crainte de laisser les êtres chers notamment quand la personne en fin de vie est le pilier familial. Elle s’inquiète à l’idée que sa famille ne parvienne pas à rester soudée, ou à nourrir la stabilité dans tous les domaines.
- Sentiment de devoir ou de responsabilité : Impression de ne pas pouvoir partir car la personne en fin de vie apportait une forme de sécurité à sa famille qu’elle soit matérielle ou émotionnelle. La peur que ses proches ne puissent pas s’en sortir seuls, surtout s’ils sont trop jeunes pour être pleinement autonomes.
- Espoir persistant : Attente d’un événement spécifique ou d’un miracle [3]. Parfois, la personne en fin de vie va attendre la concrétisation d’un événement comme un accouchement au sein de la famille, avant de s’autoriser à lâcher-prise. Elle peut également dans certains cas nourrir l’espoir d’une guérison totale spontanée.
Perceptions culturelles et spirituelles du dernier souffle
Le dernier souffle revêt une signification particulière dans de nombreuses cultures et traditions:
- Hindouisme : Le dernier souffle est considéré comme le moment où l’âme (atman) quitte le corps pour se réincarner ou atteindre le moksha (libération).
- Bouddhisme : Le moment de la mort est vu comme une opportunité unique pour l’illumination. La pratique du phowa vise à guider la conscience au moment du dernier souffle.
- Traditions judéo-chrétiennes : Le dernier souffle est souvent associé au retour de l’âme à Dieu, comme dans la phrase « Il rendit l’esprit » .
- Traditions chamaniques : Certaines cultures voient le dernier souffle comme le moment où l’esprit du mourant entreprend son voyage vers l’au-delà.
L’accompagnement des thanadoulas au moment du dernier souffle
Les thanadoulas, spécialisées dans l’accompagnement à la fin de vie, jouent un rôle crucial lors de ce moment sacré :
1. Créer un environnement apaisant :
- Ajuster l’éclairage et la température de la pièce pour réduire au maximum la crispation et l’inconfort dû à des stimuli extérieurs.
- Diffuser une musique douce ou des sons apaisants si approprié
- Veiller à la tranquillité de l’espace en aidant chacun à trouver sa place et à accueillir le silence
2. Soutien émotionnel et spirituel :
- Offrir une présence calme et rassurante
- Faciliter les rituels ou pratiques spirituelles selon les croyances du mourant
- Encourager l’expression des dernières paroles ou souhaits (de la par de la personne en fin de vie envers sa famille, et vice versa, dans le respect de la volonté de chacun de s’exprimer ou non).
3. Faciliter le lâcher-prise :
- Rassurer le mourant sur le bien-être futur de ses proches
- Encourager la résolution des conflits ou préoccupations non résolues en adoptant la posture de médiatrice auprès des personnes concernées sans prendre parti et avec bienveillance.
- Guider des exercices de relaxation ou de visualisation
4. Soutien aux proches :
- Expliquer le processus de la mort pour réduire l’anxiété
- Encourager les proches à exprimer leur amour et leur gratitude
- Offrir un soutien émotionnel aux aidants que ce soit lors de groupes de parole ou d’un accompagnement individuel.
5. Honorer le moment :
- Reconnaître la sacralité du dernier souffle
- Faciliter un moment de recueillement après le décès
- Guider les proches dans les premiers instants suivant la mort notamment dans les démarches administratives et dans la préparation des obsèques.
Conclusion
Le dernier souffle est un moment profondément significatif, tant d’un point de vue physiologique que spirituel. En tant que thanadoula, je m’efforce d’honorer la sacralité de cet instant tout en offrant un soutien pratique et émotionnel. Mon approche, nourrie par la compréhension scientifique et le respect des diverses traditions culturelles et spirituelles, vise à faciliter une transition paisible et digne pour la personne en fin de vie et ses proches.
